De tous les phénomènes célestes, c’est le plus violent. En
quelques secondes, une étoile explose, projetant dans l’espace une partie de sa
matière à des vitesses prodigieuses. On aperçoit alors dans le ciel une étoile
bien plus brillante qu’à l’accoutumée, lançant dans l’espace son dernier message
lumineux, signal de son agonie apocalyptique.
A la veille du 23 février 1987, Sanduleak 69 202 est une étoile discrète. En quelques dizaines de
secondes à peine, elle s'effondre et explose en supernova. Ce montage présente le Grand Nuage de Magellan
avant et après l'explosion. Crédit : AAT, geoman.net.
Les étoiles enflent toutes dans leurs vieux jours. Elles
connaissent en effet de sérieuses difficultés pour trouver le carburant
nécessaire au maintien de leur équilibre (la chaleur interne contrecarre l’effet
de la gravité). Si l’étoile est petite, elle gonfle et finit par se rétracter
avant de se transformer en naine blanche, puis brune. En revanche, si l’étoile
fait au moins 8 fois la masse du Soleil, elle est assez grosse pour pouvoir
s’effondrer d’un seul coup : les réactions nucléaires sont en effet
insuffisantes pour contrecarrer la gravité. L’étoile se condense donc en
quelques minutes, en passant d’une géante rouge de quelques centaines de
millions de kilomètres de diamètre à un objet de quelques milliers de kilomètres
de diamètre.
Une étoile de la séquence principale, c'est-à-dire normale, a encore beaucoup de carburant nucléaire
à brûler. Par contre, une géante rouge consomme toutes ses réserves jusqu'à l'épuisement :
elle s'effondre alors sur elle-même, étant incapable de lutter contre sa propre gravité.
Crédit : geoman.net.
Les particules atomiques étant extrêmement collées les unes aux
autres, le cœur de l’étoile devient tellement dense que la contraction est
stoppée. Par contre, le reste de l’étoile continue à se contracter à toute
vitesse et finit par rebondir sur le cœur. Ce rebond dégage une énergie
colossale : la plus grande partie de l’étoile est disloquée et éjectée dans
l’espace à des vitesses impressionnantes (plusieurs dizaines de milliers de
kilomètres par seconde). L’étoile émet alors en une seconde ce que notre Soleil
produit en plusieurs années !
Si la masse du cœur de l’étoile explosée est supérieure à 2,5
fois la masse de notre Soleil, elle devient un trou noir : une
étoile si compacte – quelques kilomètres de diamètre – et d’une gravité telle
que même la lumière ne peut s’en échapper. Si la masse est inférieure, c’est une
simple étoile à neutron qui se forme. Elle peut dégénérer en
pulsar si le champ magnétique est assez fort et si sa rotation est
rapide.
Voici la nébuleuse du Crabe, M 1, le vestige de la fameuse supernova observée en 1054.
Le pulsar qui en résulte est indiqué par la flèche. Crédit : HST, NASA.
Il existe deux types de supernovae :
Les supernovae de type I seraient issues de naines
blanches (vieilles étoiles en fin de vie) couplées étroitement à une autre
étoile. La naine blanche avale une partie de la matière de sa compagne, jusqu’à
ce que sa masse soit telle qu’elle s’effondre sur elle-même. Ce type de
supernova peut être jusqu’à 10 fois plus lumineux qu’une supernova de
type II, qui correspond simplement à une grosse étoile qui
s’effondre.
Les supernovae sont utiles en cosmologie, car elles permettent
d’étalonner avec une bonne précision la distance des galaxies où ces phénomènes
se produisent. En analysant leur courbe de lumière, on en déduit en effet
l’éclat réel de la supernova et, en fonction de l’éclat observé, on tente de
déduire sa distance. Ce phénomène étant particulièrement lumineux, il est
visible dans de très lointaines galaxies.
L'étoile brillante bleue en bas à gauche de l'image est la supernova 1994D dans la galaxie
NGC 4526. De tels jalons lumineux permettent aux astronomes de pauffiner leurs estimations de
distance des objets très lointains. Crédit : HST, NASA.
Il semble qu’au cours des 2000 dernières années, seules 10
supernovae ont été visibles dans notre Galaxie. Pourtant, on estime qu’il se
produit en moyenne 2 supernovae par siècle. Le problème est qu’elles
apparaissent généralement dans le plan de la Voie Lactée, là où les poussières
et les gaz sont les plus denses et masquent ces phénomènes à nos yeux. On
observe en revanche régulièrement des supernovae dans d’autres galaxies, et
certaines d’entre elles sont visibles à travers des télescopes d’amateur.
La plus célèbre supernova est sans doute celle de 1054, dans la
constellation du Taureau. C’est elle qui a donné naissance à la nébuleuse du
Crabe, M1. En son centre se trouve un pulsar, résidu de l’explosion. Le 23
février 1987, une supernova est apparue dans le Grand Nuage de Magellan. C’était
la plus proche et la plus brillante des supernovae de l’astronomie moderne. Elle
fut aisément visible à l’œil nu. Des instruments répartis tout autour de la
planète détectèrent en même temps des neutrinos, une variété de particules
émises en très grande quantité lors de l’explosion d’une supernova. Depuis, des
structures lumineuses sont apparues et croissent autour du reste de
l’étoile (sans doute un pulsar). Il s’agit d’interactions de la lumière et
de l’onde de choc avec les gaz et les poussières émis par l’étoile avant son
explosion.
En 1997, 10 ans après son explosion, la supernova SN1987A exhibe un double anneau de matière lumineuse.
Crédit : HST, NASA.